Mon choix du livre du mois pour Mars 2022, je lis et relis ce livre qui est nous ouvre des portes et des champs de réflexion sur notre position face au travail. Je reprend cette article qui a mon sens reprend bien l’idée du livre.
EXTRAITS // « Aujourd’hui, le travail blesse, tue et pollue […] L’oisiveté pourrait-elle nous sauver ? » C’est le questionnement en creux du guide de philosophie radicale écrit par Céline Marty, professeure agrégée de philosophie et vulgarisatrice sur sa chaîne YouTube « META». En voici quelques extraits sélectionnés avec soin.
Céline Marty est professeur agrégée de philosophie et doctorante en philosophie du travail sur l’oeuvre d’André Gorz. Elle est diplômée de Sciences Po et de l’université Paris Sorbonne en philosophie. (DR)
Sources les Echos Par Marion Simon-Rainaud
Publié le 13 oct. 2021 à 12:55Mis à jour le 13 oct. 2021 à 16:21
La question du travailler moins (pour gagner autant) est devenue une question de moins en moins taboue, et de moins en moins idéaliste. La semaine dernière encore Les Echos titrait un article La semaine de quatre jours est-elle l’avenir du travail ? Au-delà des enjeux économiques, la place centrale du travail dans nos vies soulève un certain nombre d’interrogations : Pourquoi nous définissons-nous par notre emploi ? Pourquoi cherchons-nous à être toujours productifs au travail et sur notre temps libre ? D’où vient l’idée qu’ il faudrait une carrière qui nous passionne ? …
« Comment le travail dévore notre vie »
Autant de questions auxquelles Céline Marty, agrégée de philosophie et vulgarisatrice sur sa chaîne YouTube « META », répond sans tabou dans son livre « Travailler moins pour vivre mieux » (Ed. Dunod, 182 pages, 2021) qui paraît mercredi 13 octobre en librairie. Un livre engagé à la croisée de la philosophie, de la sociologie et de l’histoire.
« Depuis un siècle et demi au moins, l’économie et les politiques publiques se sont mises au service du marché du travail et de son idéologie, l’éducation s’est transformée en formation professionnelle, l’existence est dédiée au travail et se définit globalement par lui, alors qu’il est toujours plus précaire et difficile d’accès. L’opinion publique voit d’un mauvais oeil tous ceux qui, pour des raisons familiales, médicales ou existentielles, voudraient vivre différemment », écrit l’autrice page 24, dans le premier chapitre intitulé « comment le travail a dévoré notre vie ». Le ton est donné.
Au fil de la lecture, Céline Marty appelle à faire un pas de côté pour comprendre pourquoi par exemple « tous les emplois ne se valent pas », pourquoi « tout travail que nous consommons n’est pas légitime » ou encore pour quelles raisons « toute politique et discours pro-travail ne sont pas bons à prendre ».
Dans le dernier des cinq chapitres, la philosophe propose des solutions radicales pour « s’émanciper du productivisme ». En accord avec l’autrice Céline Marty, nous vous avons choisi sept conseils (sur dix) pour aborder la question du travail d’un oeil différent.
1. « Tout n’est pas du travail ! »
« Arrêtons d’utiliser le concept dans tous les sens. Gardons-le pour les activités commandées, par un contrat de travail ou par des normes sociales, comme le travail domestique, pour dénoncer son exploitation et revendiquer l’amélioration de ses conditions d’exercice. […] Plus besoin de mobiliser comme excuse le fameux ‘j’ai trop de travail’ : osons dire honnêtement qu’on a d’autres trucs à faire voire qu’on n’a pas envie, raisons tout aussi légitimes. »
2. « Tout le monde n’a pas à valoriser le travail ! »
« Déculpabilisons-nous moralement de critiquer le travail : cela ne fait pas de nous un fainéant parasite à jeter au bûcher tandis que les apôtres du travail seraient les seuls saints. […] Osons nous plaindre, de nos conditions de travail, de la pression normative qui s’exerce au travail et sur le travail, pour transformer ces plaintes en projet de société alternatif. »
3. « Toute aspiration extraprofessionnelle n’est pas mauvaise ! »
« Ne pas vouer sa vie au travail ne fait pas de nous une mauvaise personne. Permettons-nous d’autres projets, sans qu’ils n’aient à devenir notre travail ou qu’ils ne servent notre travail.
On peut aimer jouer du théâtre sans vouloir animer l’atelier théâtre-prise de parole de notre boîte, jouer au foot sans vouloir y organiser un tournoi. Nous n’avons pas besoin de demander au travail une autorisation morale pour faire autre chose que lui. »
4. « Tout n’a pas à être utile ! »
« Nos actions ont de la valeur en elles-mêmes : il n’est pas nécessaire de prouver leur utilité économique ni même sociale pour les légitimer. Apprécions-les pour elles-mêmes et non pour leurs effets sur notre travail. […] Dès lors, nous n’avons pas à ‘rentabiliser’ nos temps libres et à ‘culpabiliser’ de n’avoir rien fait. »
5. « Toute notre identité ne se résume pas au professionnel ! »
« Apprenons à parler d’autre chose que du travail, mettons-nous au défi de passer toute une soirée sans l’évoquer, en orientant la conversation vers nos passions, projets, idées, souvenirs et rêves. »
6. « Tout emploi n’est pas définitif ! »
« Si vous vous rendez compte que votre métier est un bullshit job, vous cause un burn-out ou que vous avez d’autres projets de vie, il n’est jamais trop tard pour vous réorienter. Cette réorientation peut être coûteuse, aussi bien économiquement que psychiquement et il faudrait des moyens collectifs pour la faciliter. »
POUR ALLER PLUS LOIN
« Travailler moins pour vivre mieux », paru en octobre 2021 aux Editions Dunod (182 pages, 17,90 euros) est le première ouvrage de Céline Marty.
L’agrégée de philosophie enseigne aussi sur les réseaux sociaux, notamment sur sa chaîne YouTube META suivie par plus de 10.000 personnes.
Marion Simon-Rainaud