Tutelle, curatelle, sauvegarde de justice, habilitation familiale : quelles différences ?
De par la loi toute personne physique de plus de 18 ans a la capacité juridique d’exercer les droits dont elle à la jouissance. Mais la vie, la maladie peuvent altérées les facultés aux personnes (je ne parlent pas ici des mineurs).
Un parent, un ami, un oncle peuvent ainsi devenir vulnérables et faire l’objet d’une protection dans le cadre d’un dispositif encadrer par la loi. Ceux-ci ont été réformé notamment par la loi du 5 mars 2007 avec de nouvelles institutions comme le mandat de protection future.
En raison de l’allongement de l’espérance de vie, de plus en plus de personnes vont être concerner.
Pour accompagner cette protection la loi prévoit des mesures comme la sauvegarde de justice, la curatelle, la tutelle et l’habilitation familiale.
Il est pris en compte la capacité à réaliser les actes de la vie courante sans assistance, et sans que ses intérêts soient mis en danger.
La tutelle est la mesure de protection juridique ayant le plus de conséquences sur les actes que peut réaliser seule la personne protégée.
La curatelle et la sauvegarde de justice limitent plus légèrement la liberté d’action de la personne protégée.
L’origine de l’incapacité peut provenir de différentes sources : la maladie, le handicap, l’accident, la sénilité, la simplicité d’esprit,…
La mesure de protection juridique est décidée par le juge et consiste en la désignation d’une tierce personne pour l’aider à protéger ses intérêts, prendre des décisions, voire à les autoriser et/ou les contrôler.
La demande de protection peut être faite par la personne elle-même, d’un proche et, dans certains cas, du procureur de la République (sur demande d’un médecin notamment).
Il existe 3 mesures principales pouvant être mises en place :
- La sauvegarde de justice : la personne conserve la capacité d’accomplir tous les actes mais certains actes importants (vente d’un bien immobilier, conclusion d’un prêt d’un montant élevé,…) peuvent être spécialement confiés à un mandataire.
- La curatelle : la personne peut effectuer les actes de la vie courante (elle continue à gérer ses biens), mais elle doit être assistée dès lors qu’elle veut les vendre ou en acheter d’autres. Elle peut par exemple conclure un bail, mais elle ne peut pas vendre seule son appartement.
- La tutelle : la personne ne peut pas gérer seule son bien et son patrimoine. Elle est assistée systématiquement par un tuteur pour tous les actes (administration,disposition: Acte qui engage le patrimoine d’une personne, pour le présent ou l’avenir (exemples : vente d’un immeuble, conclusion d’un emprunt, donation). Il entraîne une transmission de droits qui peut diminuer la valeur du patrimoine..,…).
Habilitation familiale
L’habilitation familiale permet à un proche (parent, enfant, grand-parent, frère, sœur, époux(se), concubin(e), partenaire de Pacs) de représenter une personne. Cette habilitation est donnée par le juge lorsque la personne n’est pas en mesure d’exprimer sa volonté au quotidien, de faire ou de comprendre des actes de la vie courante. L’habilitation permet à celui qui représente la personne d’agir en son nom.
L’habilitation familiale permet à une personne désignée d’accomplir certains actes pour le compte d’une personne qui n’est pas en capacité de manifester sa volonté. On parle de représentation. Elle peut être totale ou partielle.
L’habilitation familiale est ordonnée par le juge uniquement en cas de nécessité, lorsque les représentations habituelles (procuration par exemple) ne permettent pas de suffisamment de protéger les intérêts de la personne.
Il ne s’agit pas d’une mesure de protection judiciaire, comme le sont la sauvegarde de justice, curatelle ou tutelle. En effet, une fois l’habilitation familiale délivrée, il n’y a plus de contrôle par le juge. L’habilitation familiale ne met pas fin aux procurations existantes par la personne à protéger avant le jugement.
Retrouvez ici mon post de mai 2022
Mandat de protection future
Le mandat de protection future vise à désigner à l’avance une ou plusieurs personnes (appelées mandataires) pour représenter l’auteur qui établit le mandat (il est appelé mandant). Cette mesure a pour objet d’anticiper une éventuelle perte de capacité physique ou mentale, qui se traduirait par une mise sous tutelle ou curatelle. Le mandataire pourra alors protéger les intérêts personnels et/ou patrimoniaux: Ensemble des biens (corporels et incorporels), droits et obligations d’une personne physique ou morale qui sont appréciables en argent (droits immobiliers, droits mobiliers, salaires, revenus, dettes, créances, etc…) du mandant.
Le mandat de protection future permet à toute personne majeure (appelée mandant) de désigner à l’avance une ou plusieurs personnes (appelée mandataire) pour la représenter le jour où elle ne sera plus en capacité de gérer ses intérêts. Le mandataire pourra protéger les intérêts personnels et/ou patrimoniaux: Ensemble des biens (corporels et incorporels), droits et obligations d’une personne physique ou morale qui sont appréciables en argent (droits immobiliers, droits mobiliers, salaires, revenus, dettes, créances, etc…) du mandant.
À savoir : le mandant peut être un mineur émancipé.
Les parents peuvent aussi utiliser le mandat de protection future pour leur enfant (mineur ou majeur), à charge, qui souffre d’une maladie ou qui a un handicap.
Le mandant ne doit pas faire l’objet d’une mesure de tutelle ou d’une habilitation familiale.
Le mandat de protection future ne fait pas perdre au mandant ses droits et sa possibilité d’accomplir des actes juridiques (capacité juridique: Aptitude d’une personne (physique ou morale) à avoir des droits et des obligations et à les exercer elle-même (exemples : droit de conclure un contrat, droit d’agir en justice)).
Si l’état de la personne à protéger le permet, le mandataire doit l’informer des actes qu’il établi en son nom et dans son intérêt.
L’objet du mandat peut porter :
- soit sur l’assistance dans la vie personnelle du mandant,
- soit sur la gestion de tout ou partie du patrimoine: Ensemble des actes de gestion des biens (financiers, mobiliers,…) du mandant,
- soit sur les 2.
À noter : la personne à protéger peut choisir que la protection de ses biens et l’aide dans sa vie personnelle soient assurées par différents mandataires.
Le mandataire peut être :
- soit une personne physique (membre de la famille, proche, professionnels,…) choisie par le mandant,
- soit une personne morale: Groupement de personnes physiques réunies pour accomplir quelque chose en commun (entreprises, sociétés civiles, associations, État, collectivités territoriales, etc.). Ce groupe peut aussi réunir des personnes physiques et des personnes morales. Il peut aussi n’être constitué que d’un seul membre (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée – EURL – par exemple). inscrite sur la liste des mandataires judiciaires à la protection des majeurs.
A partir de quand ?
Lorsque le mandataire constate que l’état de santé du mandant ne lui permet plus de prendre soin de sa personne ou de s’occuper de ses affaires, il fait les démarches nécessaires pour que le mandat prenne effet.
Cette constatation doit être établie par un médecin inscrit sur une liste établie par le procureur de la République: Magistrat à la tête du parquet (ou ministère public). Il est destinataire des plaintes et signalements. Il dirige les enquêtes, décide des poursuites et veille à l’application de la loi..
La liste des médecins est disponible dans les tribunaux.
Le médecin délivre un certificat médical constatant l’inaptitude du mandant.
Le mandataire se présente ensuite avec le mandat de protection future et le certificat médical au greffe du tribunal pour faire viser (vérifier) le mandat par le greffier et permettre ainsi sa mise en œuvre.
Textes de loi et références
- Code civil : article 440 Définition de la curatelle et de la tutelle
- Code électoral : article L72-1 Vote par procuration
- Code électoral : article L200 Inéligibilité des personnes placées sous curatelle ou tutelle
- Code civil : articles 500 à 502 Détermination du budget pour la personne protégée par le tuteur